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Les Nanards !

12 octobre 2008 7 12 /10 /octobre /2008 16:01





Aux camarades en lutte.

Article paru dans Marianne du 11 Octobre 2008.


A Sandouville

LA RAGE DES RENAULT


          Révoltés, ils le sont. A double titre : en tant que contribuables affectés pas la crise financière, et en tant que salariés condamnés à payer les erreurs stratégiques de leur direction.


          " Contrat 2009 : Renault s'engage... à ce qu'on dégage ! " Les salariés de l'usine Renault de Sandouville (seine-maritime) laissent éclater leur colère. Des dizaines de gendarmes et de policiers ont investi leur usine. C'est que ce lundi 6 octobre, c'est jour de visite de Nicolas Sarkozy. Mais cette double intrusion - policière et présidentielle - n'apaise pas leur rage. Au contraire. La crise leur a déja amené le chômage partiel, ils redoutent le chômage tout court. Alors ils hurlent. " le gouvernement actionnaire de Renault déverse des sommes pharaoniques sur les banques. Et il ne trouverait pas un radis pour maintenir nos emplois ? C'est inadmissible ", s'insurge Josiane Kharo, trente-six ans passés à l'atelier peinture.

          " Nous affamer alors que notre groupe a réalisé 1,8 milliard de bénéfices en 200
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, c'est intolérable renchérit Alain, mécanicien. On ne demande pas d'heures sup' : on veut seulement travailler à temps plein pour toucher un salaire complet ! "



          Brandissant des feuilles de paye amputées de 300 à 400 euros par mois, ouvriers et contremaîtres ont agoni d'injures leur PDG Carlos Ghosn ( ho les méchants anarcho-gauchistes ). Ce lundi-là, des    " enculé, tu nous a trahis " ont résonné sur les chaines sophistiquées figées pour cause de grève. " Ghosn s'était engagé à nous confier un nouveau véhicule si la laguna se hissait parmi les premières de sa catégorie, éxplique Sylvain. On s'est défoncé, on a tenu parole, pas lui. "

ESPOIRS ANEANTIS


         
Dans les années 70, Sandouville a employé jusqu'à 14 000 salariés, il n'y en a plus que 3 700. Et bientôt 1 000 de moins. La chute du site a commencé avec l'échec de la Vel Satis. Selon la CGT, elle s'est accélérée lorsque Carlos Ghosn a retiré la Laguna 3 de la gamme proposée aux loueurs et aux flottes commerciales à prix réduits. Depuis l'usine végète. La promesse du PDG, balancée du haut du perron de l'Elysée, de construire à Sandouville, à partir de 2012, un nouveau véhicule utilitaire ne rassure guère.

          " Et d'ici à 2012, comment tenir ? A Gandrange aussi, Sarkozy avait promis la lune aux salariés d'ArcelorMittal ! " rappelle pierre, de l'atelier tôlerie. Le lendemain du passage du " Sarko Circus ", visage fermé et poings enfoncés dans leurs poches de blouson, les ouvriers, moroses, regagnaient au pas de course leurs cars dans le crachin. Devant le poste de garde, certains se sont attardés pour discuter avec Olivier Besancenot, venu les réconforter. " J'ai 990 euros de crédit pour ma maison à payer et un enfant de 15 mois, s'inquiète Michel. Travailler moins pour gagner moins, c'est au dessus de mes moyens ! "

          " on vas avoir un triste noël ",
se désole un autre. Au comité d'entreprise, les réservations sont déja en chutte libre.




          Révoltés, les employés de Sandouville le sont à double titre. Celui de contribuables obligés de payer les folies d'une bulle financière qui les a humiliés. Et celui de salariés condamnés à subir les érreurs stratégiques d'une direction qui ne jure plus que par la rentabilité de ces usines roumaines qui produisent la Logan. Et qui ne sait pas répartir la charge de travail sur ses différents sites. " On ne veut pas tout le boulot, mais on pourrais au moins assembler les modèles vendus en France ", soupire Alain Richeux, secrétaire de la section CGT. Agés de plus de 50 ans pour la moitié d'entre eux, ces fils de paysans ou de pêcheurs n'ont guère d'éspoir de se reconvertir. Les caristes maison n'ont même pas de licence pour être employés ailleurs ! ils misaient sur la durée de leur carrière pour partir en retraite dès 58 ans. Nicolas Sarkozy a anéanti leurs éspoirs. Le président leur a proposer soit de se former pendant leurs périodes de chômage partiel, soit d'apprendre, trois ans durant, un nouveau métier en profitant d'un dispositif conçu, à lroigine, pour les PME. Former longuement des cinquantenaires usés sur les deniers de l'Etat plutôt que de contraindre un employeur bénéficiaire à adapter leur poste de travail ? Même les délégués Force ouvrière, signataires de la plupart des accords, s'étonnent.

          Mais il y a longtemps qu'a Sandouville on a renoncé à comprendre la prétendue rationalité des élites.


Laurence Dequay



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